samedi 29 août 2009

En France aussi, c'est la récolte

Lu dans le site de FR3 Aquitaine, La récolte du piment d'Espelette.

C'est une production en pleine croissance au pays basque. En 10 ans, le nombre de pieds cultivés est passé de 200 000 à 1 million 2! Et le nombre d'exploitants a triplé. On en compte une centaine aujourd'hui, tous implantés sur un terroir AOC bien déllimité.Plantés au printemps, les piments arrivent à maturité entre Août et Octobre. La récolte vient de commencer et continuera jusqu'à l'automne.

On a parlé de nous...

Dans La Presse, L'arche de Noé des piments (22 août 2009)


Dans L'Action, Sainte-Béatrix réputé pour ses piments! (22 août 2009)

mercredi 5 août 2009

Pourquoi les pucerons?

J'ai reçu deux courriels demandant des éclaircissements sur mon billet précédent (Opération coccinelle), notamment sur les raisons justifiant une intervention « musclée » pour éliminer les pucerons dans une culture de piments. C'est vrai que j'avais négligé cet aspect. Résumons.

Les pucerons (membres de la famille des Aphidides) ont comme tous les êtres vivants des fonctions dans la nature. Principalement, ils participent au contrôle des populations des plantes hôtes, et servent de nourriture à de nombreux insectes prédateurs. On compte au moins 4 000 espèces de pucerons présentes dans toutes les régions du globe, sauf en Antarctique. Ils sont présents sur de nombreuses cultures comme les vignes, les rosiers, les cerisiers, les pommiers, etc.

Le problème c'est l'ampleur des dommages qu'ils peuvent causer à une culture. Tiré de la fiche d'information de l'Insectarium de Montréal (voir référence plus bas)  : « Ces dégâts sont dus au fait que les insectes sucent la sève des végétaux. Certaines espèces injectent aussi des toxines et des virus dans les plantes avec leur salive. L'action des pucerons peut affecter les hormones de croissance de la plante et provoquer l'apparition de symptômes divers. Parmi ces symptômes, on note une croissance ralentie, un flétrissement de la plante, une diminution de sa résistance et des malformations sur les feuilles et les bourgeons. Les feuilles flétrissent, jaunissent, se recroquevillent, s'enroulent, se déforment ou tombent. Les aiguilles des conifères deviennent rabougries.[...] Lorsqu'ils sont en très grand nombre, les pucerons peuvent aussi faire mourir des branches d'arbres ou des arbres entiers.[...] Les plantes en santé peuvent très bien supporter la présence de quelques pucerons. Les problèmes surgissent quand ces insectes deviennent très nombreux. »

Que ce soit dans les vignobles ou en serriculture, le problème s'avère aigu, car « Les pucerons étant souvent associés à une plante précise, plus la diversité végétale est grande, moins les risques d'infestations sont importants. » Et inversement, plus un espace de culture est spécialisé, plus le risque d'infestation sera grand.

En outre, selon les chercheurs de l'Institut national de recherche agronomique (INRA) de France, le réchauffement climatique augmente la biodiversité des pucerons. « Le réchauffement climatique est devenu une des principales préoccupations de nos sociétés. Les chercheurs de l'INRA, avec leurs partenaires, évaluent son impact sur les populations de pucerons, insectes majeurs, car ils constituent une ressource alimentaire importante des écosystèmes et comptent parmi les principaux ravageurs des cultures en milieu tempéré.[...] Le nombre d'espèces de pucerons a augmenté très sensiblement au cours des 40 dernières années : une espèce par an et par site en moyenne soit environ 8 espèces de plus par degré Celsius supplémentaire. »

Si les perspectives sont sombres, le problème des pucerons n'est pas nouveau. Déjà en 1885, le chercheur français Jules Lichtenstein de Montepellier publiait sa Monographie des aphidiens, un ouvrage magistral fruit de plus de 25 ans de recherches sur le phylloxéra de la vigne (puceron ravageur) qui sévit toujours dans certains vignobles. 

Lectures complémentaires

Wikipédia
Aphidoidea

Insectarium de Montréal
Les pucerons (fiche)

Institut national de recherche agronomique (INRA)
Le réchauffement climatique augmente la biodiversité des pucerons

Jules Lichtenstein
Les Pucerons : Monographie des aphidiens

mardi 4 août 2009

Opération coccinelle

Nous avons procédé en fin de semaine à une première dispersion de coccinelles en serre pour lutter contre un début d'infestation de pucerons. L'an dernier, le problème des pucerons s'était manifesté assez tard en saison, soit vers la mi-septembre. Nous avions alors contenu le problème à l'aide d'un insecticide-maison à base d'ail tel que suggéré par Yves Gagnon dans son ouvrage Le Jardin écologique. Il s'agit de faire macérer 20 g d'ail haché dans 20 ml d'huile végétale pendant 24 heures. On ajoute ensuite la mixture à 1 litre d'eau et 10 ml de savon biodégradable, on mélange le tout et on filtre pour obtenir un concentré qu'on diluera dans quatre fois son volume d'eau pour vaporiser.

Je dis bien que nous avions « contenu » le problème, car nous ne parvenions pas vraiment à éliminer complètement les indésirables pucerons, malgré les vaporisations répétées de l'insecticide concocté.

En outre, si la préparation et la vaporisation de cet insecticide biologique peuvent se prêter à un potager de petite ou moyenne taille et s'avérer alors efficaces, c'est autre chose quand on a à traiter des centaines de plants.

Nous optons donc cette année pour une nouvelle méthode biologique d'élimination des pucerons : les coccinelles. Les coccinelles raffolent des pucerons, mais ne s'attaquent jamais aux plantes. La théorie est la suivante : si des pucerons s'installent dans votre espace de culture, vous libérez des coccinelles qui leur feront la guerre, s'en nourriront, pondront des œufs et se multiplieront tant qu'il y aura des pucerons. Les larves de coccinelles sont, paraît-il très voraces.

Il s'établit donc un équilibre entre les pucerons et leurs prédateurs naturels que sont les coccinelles. En revanche, si elles vous débarrassent de tous les pucerons, elles quitteront votre milieu de culture à la recherche de nourriture ailleurs. Et si les pucerons reviennent, rien ne dit que les coccinelles reviendront elles aussi. Il vous faudra alors intervenir de nouveau et libérer un nouveau bataillon de coccinelles.

Il existe plusieurs distributeurs de coccinelles qui ont pignon sur Web (Québec, Canada, France), et des colonies de coccinelles sont également disponibles dans quelques centres de jardinage, mais nous avons acheté les nôtres de Natural Insect Control (NIC), une petite entreprise de Stevensville (Ontario), qui offrait le meilleur rapport quantité/prix et les modalités de livraison les plus sûres (Poste Canada, service accéléré). Les services de l'entreprise destinés aux serriculteurs sont dirigés par une entomologiste diplômée, et NIC élève et vend aussi divers autres insectes pour l'élimination biologique des ravageurs (mantes religieuses, chrysopes, etc.).

Les coccinelles sont livrées dans une boîte ventilée contenant un petit sachet de toile légère et un cryosac pour les garder au frais. Dès leur arrivée, il vous faut prendre soin de mettre la boîte au frigo pour « endormir » et calmer les coccinelles après leur périple postal jusqu'à ce que vous soyez prêt à les libérer. Pour une surface de 50 mètres carrés, il faut compter environ 1 000 coccinelles. On suggère de les libérer en milieu de culture, au pied des plantes ou sur les feuilles, une fois le jour tombé et après avoir arrosé les plantes de sorte que les coccinelles aient de quoi boire dans leur nouveau milieu de vie.

Important : il ne faut pas utiliser d'insecticide au cours des deux semaines précédant l'intervention des coccinelles. D'une part, l'insecticide réduirait la quantité de nourriture disponible aux coccinelles et à leurs larves. D'autre part, certains résidus pourraient nuire à leur développement et à leur santé.

L'eau est essentielle pour les insectes. Pour leur assurer un approvisionnement en eau, nous avons demandé à un ami restaurateur de conserver pour nous une certaine quantité de coquilles de palourdes vides. Il suffit ensuite de bien les nettoyer pour les dégager de tout résidu alimentaire (laissez-les à l'extérieur quelques jours, les fourmis s'en chargeront), puis de les glisser sous les points de distribution du système d'irrigation goutte à goutte de sorte à recueillir de l'eau, à défaut de quoi de disposer ces petits « bols » d'eau un peu partout dans votre espace de culture sans oublier de les réapprovisionner.

Rappelons que ce ne sont pas les spécimens adultes de coccinelles qui assureront une élimination à long terme des pucerons. Certes, une fois libérées, les coccinelles adultes dévoreront des pucerons (elles s'alimentent surtout la nuit), mais les femelles pondront des oeufs au sein des colonies de pucerons. Par la suite, les larves commenceront à se nourrir de pucerons. Comme les larves ne sont pas munies d'ailes, elles resteront de deux à trois semaines sur leur plante d'accueil et assureront ainsi l'élimination des pucerons. Les adultes ailés pourront s'envoler et disparaître, mais ne désespérez pas, les larves seront à l'œuvre.